Célébration du 109 ème anniversaire de la naissance de Naguib Mahfouz

Soha Gafaar Mardi 15 Décembre 2020-18:59:56 Culture
Naguib Mahfouz
Naguib Mahfouz

Décédé à l’âge de 94 ans, Naguib Mahfouz, lauréat du prix Nobel en 1988, avait voué sa vie à construire, pierre par pierre, l’énorme édifice littéraire qu’il lègue à la postérité. Un peu à la manière de ses ancêtres les pharaons pour lesquels il s’était enflammé durant ses premiers pas d’écrivain. Najib Mahfouz, né le 11 décembre 1911 et mort le 30 août 2006, est un écrivain contemporain de langue arabe et un intellectuel de renommé international. La carrière littéraire de Naguib Mahfouz se confond avec l’histoire du roman moderne en Egypte et dans le monde arabe. Au tournant du XXe siècle, le roman arabe fait ses premiers pas dans une société et une culture qui découvrent ce genre littéraire à travers la traduction des romans européens du XIXe siècle. Pour autant, pour Naguib Mahfouz, une société aussi forte et aussi ancienne que la société égyptienne, ayant conservé des traditions millénaires tout en se modernisant, peut s’approprier et intégrer, sans crainte, quelques aspects de la culture occidentale. Car cet écrivain s’est mis surtout, dans son œuvre, à l’écoute de ce peuple égyptien, de ses aventures intimes comme de son histoire, selon languearabe.fr. Le relatif échec des premiers romans, situés dans l’Égypte pharaonique, et peut-être l’urgence du contexte (l’Égypte est durement affectée par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale) l’amènent à renoncer à ce projet pour plonger dans l’histoire immédiate. Désormais, ses romans ont pour cadre Le Caire contemporain, dont il décrit les bouleversements sociaux dans une veine réaliste (Passage des miracles, 1947, Vienne la nuit, 1949). Le succès public et la reconnaissance critique tardent cependant à venir. En 1950, il commence la Trilogie du Caire qui se révèle être son œuvre la plus importante. Dans cet ensemble de plus de mille cinq cents pages, chaque roman porte le nom des rues où Mahfouz a passé sa jeunesse : Impasse des deux palais (Bayn al-Qasrayn), Le Palais du désir (Qsar al-Shawq), Le Jardin du passé (Al-Sokkariyya). Il y décrit la vie d’un patriarche et de sa famille au Caire pendant une période qui va de la Première Guerre mondiale jusqu’au renversement du roi Farouk. Par le nombre des personnages et la richesse de l’étude sociale, Mahfouz rappelle les prédécesseurs dans le genre romanesque comme Honoré de Balzac, Charles Dickens, Léon Tolstoï ou John Galsworthy. Il termine cet ouvrage juste avant la revolution de 1952. Ensuite, après la revolution, il délaisse l’écriture romanesque pour le scénario, forme d’écriture moins noble mais mieux rémunérée. La publication de la Trilogie en 1956-1957 lève ses doutes quant à sa vocation d’écrivain. À quarante-cinq ans, il est enfin reconnu. Il s’en détourne pourtant avec son roman suivant, Awlâd hâratinâ (Les Enfants de notre quartier 1959, trad. française Les Fils de la Médina), tournant dans sa carrière et dans l’histoire du roman arabe. Publié en feuilleton dans le quotidien Al-Ahram en 1959, puis à nouveau en 1967, ce roman déclenche une polémique virulente. L’ouvrage (et l’homme) sont attaqués par les oulémas qui les jugent blasphématoires. Ce scandale contribue à asseoir sa réputation mais n’affecte pas sa carrière (il occupe alors, jusqu’à sa retraite en 1971, des fonctions de direction dans les appareils culturels étatiques). Il publie beaucoup : des nouvelles dans la presse, reprises en recueils, et près d’un roman par an, revenant au plus près d’un réalisme critique (Dérives sur le Nil, 1966 ; Miramar, 1967) ou dissimulant son message dans des textes à clés (Le Voleur et les Chiens, 1961, La Quête, 1965). Ses grands romans réalistes sont adaptés au cinéma l’un après l’autre, ce qui lui donne accès à un public plus large.

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